Poèmes pour habiter la terre
de Philippe Mac Leod

À quoi bon la poésie ? Dans un monde désenchanté, déserté par l’esprit autant que par le divin, pourquoi des poètes en temps de crise ? Peut‑être, simplement, pour habiter la terre autrement, en contemplant, en aimant, en vibrant, en s’interrogeant, avec inquiétude parfois, toujours avec émerveillement, attentifs au mystère que nous sommes et que nous portons comme unique trésor.
Poèmes pour habiter la terre est une traversée jusqu’aux limites du visible et du dicible, qui est sans doute la seule façon d’habiter ce monde en profondeur comme en plénitude. Philippe Mac Leod chemine dans sa quête de sens et de présence au réel, animé par la lumière intime, celle de l’enfance du monde, et murmure, le regard emporté par ce qu’il voit. Une poésie à l’écoute du vent, des bruissements et des chants les plus ténus.
Aux mots du poète succède un carnet de lecteurs. De professions et d’âges divers, ces derniers prennent la parole pour évoquer leur promenade dans les pages de ce livre.
Poème
de l’instant
Rivière je vous prie
Loin, un instant, des rives, souvenons-nous, riverains des cours de porcelaine, souvenons-nous des loges de verre, entre flammes et idoles, où se pâmaient le mythe, la révolte, les tyrannies de la fin…
Loin, à l’instant, loin du poumon fertile, c’est l’origine qui appelle avec de longs herbiers ondulant sous la nacre, laissant apercevoir des sables habités, des galaxie solubles, des à-pics de massifs coulés s’engloutissant dans le vert sombre.
Pour invoquer. Pour éveiller le dieu. Pour ne jurer de rien. Pour accueillir. Rivière.