Prenez la parole
Et une vaste paranoïa déferle sur le pays
Et l’Amérique transforme l’attentat contre ses Tours jumelles
En début d’une Troisième Guerre Mondiale
La Guerre contre le Tiers-Monde
Et les terroristes de Washington
Expédient tous les jeunes gens
Une fois de plus vers les champs de tuerie
Et personne ne dit rien
Et l’on débarque
Tout ce qui porte turban
Et l’on évacue
Tous les douteux immigrants
Et ils expédient tous les jeunes gens
Une fois de plus vers les champs de tuerie
Et personne ne dit rien
Et lorsque se réuniront
Tous les grands écrivains les poètes les peintres
Le Cercle National des Arts de Complaisance
Ne dira rien
Alors que tous les jeunes gens
Une fois de plus tueront tous les jeunes gens
Dans les champs de tuerie
L’heure est venue pour vous de parler
Vous tous amants de la liberté
Vous tous amants en quête du bonheur
Vous tous amoureux et dormeurs
Enfoncés dans vos rêves intimes
L’heure est venue de vous prononcer
Ô majorité silencieuse
Avant qu’ils viennent vous chercher !
Lawrence Ferlinghetti, extrait de PRENEZ LA PAROLE, in Blind Poet, ed. Maëlstrom & Le Veilleur, Traduit de l\’anglais (USA) par Marianne Costa
Poème
de l’instant
La mue des cigales
Le poids de ce qui fut habite le plancher.
Stéphane Page, La mue des cigales, La Crypte, 2021.