Prix Robert Ganzo 2021 : l’œuvre de Claudine Bertrand récompensée.

C’est une "assoiffée d’imaginaire", pour laquelle "la poésie est une arme chargée de futur", que le Prix Robert Ganzo 2021 a récompensé cette année : Claudine Bertrand.

Cette québécoise habitée par le féminisme, hantée par l’humanisme, succède, comme lauréate, à Valère Novarina (2020), Christian Bobin (2019), Patrick Laupin (2018), Zéno Bianu (2017), Anise Koltz (2016)…

Présidé par Alain Borer et composé de Claudine Delaunay, Yvon Le Men, Jean-Baptiste Para, Dominique Sampiero et Jean-Pierre Siméon, le jury, qui s’attache à couronner chaque année un poète majeur, salue ici une poésie de l’intime, authentique, une poète résolument engagée dans son temps.

Le regretté Bernard Noël pointera, dans cette écriture, une « volonté de tirer de l’obscur une forme éclaircie ».

Claudine Bertrand est l’auteure d’une vingtaine de recueils. Une anthologie personnelle, Rouge assoiffée (poèmes choisis 1983-2010 - choix et préface de Louise Dupré), disponible aux Éditions Typo, depuis laquelle elle clame calmement que "Chaque seconde cède une joie nouvelle à la pierre encore palpitante", lui est consacrée.

Dans son Jardin des vertiges (L’hexagone), elle cueille encore les fleurs du présent, l’éphémère et l’éternité rassemblés :

(…) J’abandonne la ville à certaines rumeurs

Je quitte la chambre
à l’odeur de romarin

Entre mots et choses
un pacte s’étiole

Recueillement dans les bois
tête appuyée sur les genoux
du ciel jongleur

Une voix dit la poésie
sonde les yeux
la chair (…)

La poésie de Claudine Bertrand n’assène rien, elle assume la fragilité des choses, du monde, des êtres.

Si hier n’était pas d’ici pressant

Quand demain serait-il
Encore et déjà
Aujourd’hui avant la lettre

Autant de questions
Nulle certitude
À prendre langage

Le cœur toujours en "émoi", les mains ouvertes, pleines d’"utopies".

Poème
de l’instant

Lorand Gaspar

Le désert vivant

Au cœur du rien tout est floraison. La vie est un tout dans le tout, à prendre ou à laisser. Si je ne veux prendre que ce qui m’arrange, je perds tout.

Lorand Gaspar, Le désert vivant, Éditions Le temps qu’il fait, 2004.