Quelque part la lumière pleut

Michel Diaz

Quelque part la lumière pleut

Quelque part la lumière pleut... Ce titre, dont les mots sont empruntés à un poème de Silvaine Arabo, pourrait résumer ce qui donne sens au projet poétique et à la démarche de vie de l’auteur, balisés ici par les trois sections du recueil, Dans l’incertain du monde, S’essayer à vivre plus loin, Travailler à l’offrande. Par-delà ce qui pousse le poète, dans le même mouvement, à creuser les chemins de son intériorité et interroger le réel du monde, ces poèmes, pour la plupart « nés du confinement », sont aussi un regard sur ce monde, tel que la déraison humaine nous l’a fait, qui s’emploie un peu plus chaque jour à le rendre un peu moins habitable. Démêler ombres et clartés de l’être se double, dans ces pages, du questionnement inquiet sur ce crépuscule qui nous menace.

Mais au rebours de toute obsession existentielle qui ne cultiverait que ses incertitudes ou ses craintes, ces textes constituent la trame sur laquelle constamment s’expriment le combat pour gagner la lumière, la foi dans la beauté des choses et ce qui vaut que l’on chemine (même si désespérément parfois) dans l’amour obstiné de la vie dont la poésie renouvelle toujours la présence.

Paru le 22 mars 2022

Éditeur : Editions Alcyone

Poème
de l’instant

Je suis la fille du baobab brûlé

Elle a une main dans la main du désir
Nous ramons en haute mer
Les eaux suffoquées cassées
Masses pendues aux os tendres
Où je meurs dialogue des corps
Le voyage est infini sur les routes de lumière
Le vin des amants est un baiser mortel

Au chant de la bien-aimée
Un soupir rend l’éternité
Mêlant l’anatomie des sens
Notre histoire refuse la chronique des héros
Le sexe humide du poème
Nourrit l’espérance du monde
Nous arriverons ensemble
Nous cheminerons ensemble
Nous partirons ensemble
Au contrepoint de la terre

Ce qui n’est à personne est à moi
J’embrasse le crépuscule d’eau
Je suis debout au flanc des nuages
Je respire l’air frais du soir
Tant qu’il y aura une étoile
Je brillerai avec ma chanson
Et je chanterai à voix de tête

Rodney Saint-Éloi, Je suis la fille du baobab brûlé, « Elle a une main dans la main du désir », Mémoire d’encrier, 2015.