René Depestre

René Depestre naît le 29 août 1926 à Jacmel, en Haïti.
René passe son enfance à Jacmel, et suit, dès son plus jeune âge, les cours enseignés par les Frères de l’Instruction chrétienne. Cette période de jeunesse, durant laquelle il découvre aux côtés de sa mère les cérémonies vaudou, lui deviendra une grande source d’inspiration :
« Chaque fois que je prends la plume, je suis aussitôt projeté dans un matin jacmélien frémissant de lumière et de chants d’oiseaux ».
En 1936, lorsque son père meurt, il part vivre chez sa grand-mère qui le place comme apprenti tailleur. Il apprend alors la coupe et la couture.
Durant quatre ans, à partir de 1940, il étudie au lycée Alexandre-Pétion à Port-au-Prince. C’est en 1942, alors qu’il est en classe de troisième, qu’il se lie d’amitié avec Nicolàs Guillén. Leur relation durera jusqu’à la rupture de René avec le régime castriste.
En 1945, il fonde aux côtés d’autres jeunes intellectuels haïtiens, la revu littéraire La Ruche. Il publie, durant cette même année, son premier recueil de poésie intitulé Étincelles aux Imprimeries de l’État. À cette époque déjà, René est reconnu comme poète et opposant au régime. Il fait la rencontre d’André Breton lorsque-ci répond à une invitation de Pierre Mabille, à Port-au-Prince.
En 1946, René participe au mouvement visant à renverser Élie Lescot. Lorsqu’un régime militaire arrive au pouvoir, il est fait prisonnier puis est contraint de quitter son île. René migre donc pour la France et rejoint Paris où il décide de suivre des études de lettres et de sciences politiques à La Sorbonne. C’est à cette époque, vivant au pavillon de Cuba à la Cité Universitaire Internationale, qu’il fait la rencontre de nombreux cubains et que naît son amour pour cette terre voisine à son île. Il côtoie également bon nombreux de poètes surréalistes et s’intéresse de près au mouvement de la négritude, tout en se méfiant de ne pas tomber dans un certain radicalisme. Son idée sera en quelque sorte celles de l’antillanité théorisée par son ami Édouard Glissant et de la créolité développée par Raphaël Confiant. Il fait également la rencontre de Leopol Sedar Senghor, et d’Aimé Césaire qui deviendra l’un de ses fidèles amis.
En 1949, René épouse Édith Gombos Sorel, d’origine juive et hongroise. Ensemble, ils rejoignent la Hongrie après que René a été expulsé de France car jugé trop proche des mouvements de décolonisation. Dans ses poèmes, sa femme apparaît sous le nom de Dita. Installés à Prague, leur vie hongroise prend fin en 1952 lorsque René décide de rejoindre Cuba.
À Cuba, le régime de Fulgencio Batista l’expulse rapidement, de telle sorte que René entame une longue série de voyages à travers le monde. Il part notamment au Brésil puis au Chili, où il organise, aux côtés de ses amis Pablo Neruda et Jorge Amado le Congrès continental de la culture. En 1959, il retourne à Cuba sous les invitations de Nicolas Guillén et Che Guevara. Avec ce dernier, il projette de chasser la dictature en place à Haïti mais l’opération est finalement annulée par Fidèle Castro.
Durant ces années, René ne cesse d’écrire de la poésie et publie notamment Minerai noir en 1956, dans lequel il évoque des souffrances et humiliations de l’esclavage. Bien que proche des idées de Fidèle Castro, il reproche au nouveau régime en place un manque de liberté d’expression. Responsable de l’Imprimerie national, René effectue de nombreux voyage en terre communiste. Il rencontre notamment Hô Chi Minh et Mao Zedong. En 1971, il défend publiquement le poète cubain Heberto Padilla et dénonce les dérives du système politique cubain. Cette prise de position lui vaut d’être relégué à l’université de La Havane où il est contraint de donner des cours à des policiers déguisés en étudiants.
« Ma chaire était une fausse chaire et j’étais un faux professeur qui s’adressait à de faux étudiants. »
En 1973, il publie Alléluia pour une femme-jardin, nouvelle parue chez Leméac Éditeur pour laquelle il reçoit le Prix Goncourt de la nouvelle.
En 1978, René parvient à déjouer la vigilance Fidèle Castro et décide de partir rejoindre Paris avec sa seconde épouse, la cubaine Nelly Compano. Il travaille alors pour l’UNESCO.
Dans les années 1980, il part s’installer à Lézignan-Cordbières. En 1988, le prix Renaudot lui est décerné pour son roman Hadriana dans tous mes rêves.
En 1993, il obtient le Prix Apollinaire pour son recueil poétique Anthologie personnelle.
Extrait
"L’ailleurs mondial des fleurs de cerisier
Offre à l’aventure des poètes
une nouvelle mer à traverser."
Bibliographie
Poésie
- Minerai noir, Éditions Points, 2019.
- Un chant pour Aimé Césaire, Éditions Sous la lime, 2010.
- Rage de vivre, œuvres poétiques complètes, Éditions Seghers, 2006.
- Non-assistance à poètes en danger, Éditions Seghers, 2005.
- Anthologie personnelle, Actes Sud, 1993.
- En état de poésie, Les éditeurs français réunis, 1980.
- Un Arc-en-ciel pour l’occident chrétien, Présence africaine, 1967.
- Journal d’un animal marin, Éditions Seghers, 1964.
- Minerai noir, Présence africaine, 1956.
- Traduit du grand large, Éditions Seghers, 1952.
- Végétations de clarté, Préface d’Aimé Césaire, Éditions Seghers, 1951.
- Gerbe de sang, Port-au-Prince, Imprimerie de l’État, 1946.
- Étincelles, Port-au-Prince, Imprimerie de l’État, 1945.
Nouvelles
- Alléluia pour une femme-jardin, Éditions Gallimard, 2018.
- L’œillet ensorcelé, et autres nouvelles, Éditions Gallimard, 2005.
- Alléluia pour une femme-jardin, Éditions Leméac, 1973.
Autobiographie
- Bonsoir tendresse, Préface de Jean-Luc Bonniol, Éditions Odile Jacob, 2018.
Divers
- Popa Singer, Éditions Zulma, 2016.
- Encore une mer à traverser, Éditions de la Table ronde, 2005.
- Briseurs d’entraves, Éditions Sous la lime, 2004.
- Un été indien de la parole, Éditions de la Double cloche, 2001.
- Encore une mer à traverser, en disque compact, Éditions Gallimard, 1999.
- Ainsi parle le fleuve noir, Éditions Paroles d’Aube, 1998.
- Le métier à métisser, Éditions Stock, 1998.
- Éros dans un train chinois, neuf histoires d’amour et un conte de sorcier, Éditions Gallimard, 1990.
- Bonjour et adieu à la négritude, Éditions Seghers, 1989.
- Hadriana dans tous mes rêves, Éditions Gallimard, 1988.
- Les Échanges littéraires, 1984.
- Bonjour et adieu à la négritude, avec Travaux d’identité, Robert Laffont éditeur, 1980.
- Le Mât de Cocagne, Éditions Gallimard, 1979.
- Pour la révolution pour la poésie, Éditions Leméac, 1974.