René Guy Cadou

C’est une œuvre poignante que nous laisse le poète René Guy Cadou lorsqu’il meurt à l’âge de 31 ans, le 20 mars 1951, dans la petite école de Louisfert (44). C’est dans une autre école publique qu’il voit le jour le 15 février 1920 "à la limite des féeries et des marais". Ses parents y sont tous deux instituteurs. René Guy Cadou sera profondément marqué par cette Brière qui entoure Sainte-Reine-de-Bretagne. Quand il commence à écrire à 15 ans, c’est d’abord cette nature préservée de l’enfance qu’il ira rechercher dans l’épuisette de ses poèmes.

Chéri par ses parents alors qu’il est né 8 ans après la mort d’un frère aîné dont il porte le prénom, Guy, il sera bouleversé par la mort de sa mère quand il a douze ans et par celle de son père quand il en a vingt. C’est dans ce terreau marqué par le deuil qu’il écrira une œuvre-vitrail venant percer le mur opaque de l’absence.

De magnifiques rencontres poétiques vont illuminer son ciel intérieur : d’abord celle de Michel Manoll quand il pousse à 16 ans la porte de cette étrange librairie place Bretagne à Nantes. Ce libraire, lui-même poète, perçoit tout de suite chez ce jeune homme, de neuf ans son cadet, l’âme d’un frère en écriture. Il le mettra en relation avec de grands poètes de l’époque : Max Jacob et Pierre Reverdy. S’en suivra une correspondance ininterrompue, notamment avec le premier, d’une grande fécondité quant à la maturation de l’œuvre.

A dix-sept ans René Guy Cadou publie son premier recueil, "Brancardiers de l’aube", qui sera suivi par une vingtaine d’autres. Le 17 juin 1943, la rencontre éblouie d’Hélène viendra libérer la puissance de son chant jusqu’alors empreint d’une certaine mélancolie : "Hélène ou le règne végétal", publié en 1951, sera son recueil le plus abouti.

En 1946, le couple s’installe dans la petite maison d’école de Louisfert où cinq années durant le poète luttera contre une maladie qui finira par l’emporter le jour du printemps 1951. Au cours de ces années, l’œuvre prend alors les accents d’une profonde spiritualité. Après sa mort, sa femme Hélène consacrera sa vie à faire rayonner l’œuvre de son mari tout comme ses amis de l’École poétique de Rochefort, fondée pendant la guerre. En 1976, la publication des œuvres complètes par Seghers, "Poésie la vie entière", consacrera la très large diffusion de cette poésie sensible au cœur.

Jean Lavoué

Extrait

« Oui la fraternité au coeur.
Celui qui nous a quittés à trente-et-un ans est notre frère pour l’éternité.
Sa poésie est une source pure ; elle est à la source de nos propres chants. C’est bien en nous abreuvant à ces vers inimitables qu’un jour nous avons osé faire entendre ce qui jaillissait de nos entrailles. »

François Cheng, en écho au livre de Jean Lavoué René Guy Cadou, La fraternité au coeur, L’enfance des arbres, 2019.

Bibliographie

  • La fraternité au cœur, Éditions L’enfance des arbres, 2019.
  • L’enfant précoce, Éditions Rue du Monde, 2015.
  • Comme un oiseau dans la tête : Poèmes choisis, préface inédite de Philippe Delerm, édition établie par Jean-François Jacques et Alain Germain, Éditions Points, 2011.
  • Monts et merveilles, nouvelles fraîches , avant-propos de Philippe Delerm, Les Éditions du Rocher, 1997.
  • Ravensbrück, Éditions Seghers, 1973.
  • Les Amis d’enfance, Éditions Maison de la Culture de Paris, 1973
  • Le Cœur au bond, gravure de Roger Toulouse, Éditions Jean-Jacques Sergent, 1971.
  • Automne, 1957.
  • Avant-printemps, Éditions P.A.B. Alès, 1951.
  • Les Biens de ce monde, Éditions Pierre Seghers, 1951.
  • Usage interne, Éditions Les Amis de Rochefort, 1951.
  • Hélène ou le Règne Végétal, Éditions Pierre Seghers, 1951.
  • Moineaux de l’an 1920, Éditions Sylvain Chiffoleau, Nantes, 1950.
  • Guy Bigot, Éditions Sylvain Chiffoleau, 1949.
  • Art poétique, Éditions Sylvain Chiffoleau, 1949.
  • Le Diable et son train, Chez l’auteur, 1949.
  • Cornet d’adieu, Éditions Sylvain Chiffoleau, 1949.
  • Les sept péchés capitaux, Éditions S. Chiffoleau, 1949.
  • Roger Toulouse, Éditions P.A.B Alès, 1949.
  • Quatre poèmes d’amour à Hélène, Éditions Les Bibliophiles alésiens, 1948.
  • Saint-Antoine et Cie, Éditions Sylvain Chiffoleau, 1948.
  • Le Miroir d’Orphée, Éditions Gallimard, 1948.
  • Les Visages de solitude, Éditions Les Amis de Rochefort - 1947.
  • Lettre à Jules Supervielle, Éditions Sylvain Chiffoleau, 1947.
  • Les fusillés de Châteaubriant, Éditions Seghers 1946.
  • Pleine poitrine, Éditions P. Fanlac, 1946.
  • La Vie rêvée, Éditions Robert Laffont 1944.
  • Hélène, 1944.
  • Amis les Anges, Éditions Cahiers de Rochefort - 1943.
  • Grand élan, Éditions Les Amis de Rochefort - 1943.
  • Bruits du cœur, Éditions Les Amis de Rochefort - 1942.
  • Lilas du soir, Éditions Les Amis de Rochefort - 1942.
  • Morte-saison, René Debresse Éditeur, Paris, 1941
  • Porte d’écume, Éditions Cahiers de Rochefort - 1941.
  • Forges du vent, Éditions Sagesse, 1938.
  • Brancardiers de l’aube, Éditions Les feuillets de l’Ilôt, 1936.

CD

  • Entre parenthèses, poèmes de René Guy Cadou par Paul Dirmieikis, Éditions L’éveilleur, 2011.

Biographie

  • René Guy Cadou, La fraternité au cœur, Éditions L’Enfance des Arbres, 2019.

Apologie

Éloge par Michel Arbatz