Serge Sautreau
© Marie-José Lamothe
Serge Sautreau naît le 16 octobre 1943 à Mailly-la-Ville dans le département de l’Yonne.
Après des études à Auxerre, il rejoint la classe d’hypokhâgne au lycée Condorcet, puis opte pour des études de philosophie à la Sorbonne en 1963, où il fait la connaissance d’André Velter. C’est en sa compagnie qu’il écrit en quelques semaines le poème à deux voix, Aisha, publié grâce au soutien de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre chez Gallimard en 1966 et préfacé par Alain Jouffroy, qui considère ce livre comme « l’un des très rares événements en poésie française depuis 1945 ».
Avec André Velter, il fonde la « Collection froide » chez Seghers (puis chez Christian Bourgois), publie en 10/18, avec Jean-Christophe Bailly, Yves Buin et André Velter « De la déception pure, manifeste froid » qui, sous le titre tronqué de Manifeste froid devient l’une des références de l’après 68. Suivent les revues « Fin de siècle » et « Nulle part ».
Rencontres marquantes pour lui au début des années 70 : Aragon, Henri Michaux, Adonis (dont il devient l’un des premiers traducteurs en français).
En 1978, il rejoint André Velter en Afghanistan : écriture commune de Dar-î-Nur et découverte de Sayd Bahodine Majrouh dont il traduira les deux livres majeurs (Le voyageur de minuit et Le rire des amants).
Dans les années 80-90, ses voyages le mènent dans le sud de l’Inde, puis durablement au Yémen. Le texte qu’il compose en marge des photos de Pascal et Maria Maréchaux dans Cités du Yémen est l’un de ses plus inspirés et de ses plus méconnus.
Son œuvre poétique personnelle, depuis L’autre page en 1973, s’impose toute de singularité, de « liberté libre », de foudroiements maîtrisés, et parfois, aussi, d’ironie radicale et virtuose.
Atteint d’une maladie pulmonaire incurable, il ne cesse cependant d’écrire avec toujours le même allant et la même acuité, ce dont témoignent les pages transcrites à contre-douleur et à contre-mort de L ‘Antagonie, son incontestable chef d’œuvre.
En Auvergne où il s’était retiré, Serge Sautreau meurt le 18 mars 2010, à l’âge de 66 ans.
Bibliographie
- Aisha, avec André Velter, Préface d’Alain Jouffroy, Éditions Gallimard, 1966.
- De la déception pure, manifeste froid, avec Jean-Christophe Bailly, Yves Buin et André Velter, 10/18, 1973.
- L’autre page, Éditions Seghers, 1973.
- Paris, le 4 novembre 1973, Éditions étrangères, 1974.
- Conte rouge pour Paloma, avec André Velter, illustrations de Rebeyrolle, Maeght, 1975.
- Hors, Éditions Christian Bourgois, 1976.
- Les Rituels du naufrage, Hier et demain, 1977.
- Le gai désastre, Éditions Christian Bourgois, 1980.
- Abalochas, Illustrations de Wifredo Lam et Antoni Taulé, Éditions Pierre Bordas, 1981.
- Dâr-î-nur, avec André Velter, Les Cahiers des Brisants, 1983.
- Alors, Les Cahiers des Brisants, 1986.
- Boîte noire, Nouvelle barre du jour, 1986.
- Le Rêve de la pêche, Éditions Plon, 1989.
- Rivière je vous prie, Atelier le Ciel sur la Terre, 1997.
- Le Sel de l’Eden, Au Passe-Montagne, 1997.
- Nos Loups, Fol Mambo, 1999.
- La Séance des 71, Éditions Gallimard, 2000.
- Après vous mon cher Goetz, L’Atelier des brisants, 2001.
- Les Naufrages, Histoires et rituels, Hermé, 2003.
- Nicoléon, l’Atelier des brisants, 2005.
- Cités du Yémen, photographies de Pascal et Maria Maréchaux, Imprimerie Nationale, 2006.
- L’antagonie, Journal 2007-2008, Éditions Gallimard, 2011.
- La Filière Esquiros, Falaise, Éditions impeccables, 2012.
