Tique

Auteur : Joël-Claude Meffre

Tique

« Les pierres du mur vont basculer, c’est imminent, parce que c’est entendu que ça doit s’ébouler sous mes yeux dans la cour au pied de la grosse racine du tilleul. Toute l’attente ne conduit qu’à ça. Je surveille le mur alors que tout devient silencieux. Je fixe mon regard là où le mur fait ventre. Je me dis que c’est bien le signe de l’imminence et que si je n’attendais pas, il n’y aurait pas d’urgence à ce que tout vienne chuter. Plus le silence grandit plus la chance que ça bascule augmente. Je me prends alors de frayeur dans le sans-bruit de l’attente. Mes regards sont accrochés aux pierres du mur. Je ne m’en détourne pas. J’ai l’impression que je tiens les pierres rien qu’en les fixant avec mes yeux. Il me semble qu’il n’y a plus que mon regard qui les maintienne ensemble. L’attente se prolonge jusqu’à ce qu’un flot d’abeilles dans le tilleul vienne me distraire. L’imminence s’éloigne. »

Paru le 10 février 2010

Éditeur : Propos 2 éditions

Poème
de l’instant

Ana Istarú

Saison de fièvre

Yo soy el día.
Mi pecho izquierdo la aurora.
Mi otro pecho es el ocaso.

Je suis le jour.
Mon sein gauche l’aurore.
Le droit, le crépuscule.

Anna Istarú, Saison de fièvre, Traduit de l’espagnol (Costa Rica) par Gérard de Cortanze, La Différence, Éditions Unesco, 1997.