Tomates de septembre
de Karina Borowicz

Traduction de Juliette Mouïren
La route du retour
Mes rêves sont des ombres
mon sommeil le poids
des fleurs de pommiermais le matin est déjà chaud
le grondement poussiéreux des camions mêlé
aux claquements d’insectes des oiseauxmême après toutes ces
années à me réveiller je ne sais pas
ce que signifie ce monde
comment je continue à retrouver
mon chemin, une route toujours différenteà travers le noir
les infimes souvenirs qui brillent par intermittence
toi mon étoile polaire
The Way Back
My dreams are shadows
my sleep the weight
of apple blossomsbut the morning is already hot
the dusty roar of trucks mixed
with the buglike clicking of birdseven after all these
years of waking I don’t know
what is this world
how do I keep finding my way
back, always a different paththrough the blackness
the flickering pinpoints of memories
you my North Star
Poème
de l’instant
Survivance des lucioles
Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes - en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur - devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensée à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle.