Trois poèmes

Traduction et préface : Patrick Hersant
« Le premier recueil de Hannah Sullivan déroute autant qu’il séduit. Par le brio de rythmes infatigables, le tintement à la rime d’appariements cocasses, la force narrative de ce qu’il faut bien appeler un récit ; par l’émouvante beauté dont elle pare les gestes d’un quotidien banal, universel, en quête paisible de sens et d’unité. Droite sans raideur, assurée sans ostentation, cette poésie avance sur le fil tendu par Sullivan entre le pur plaisir de l’oreille (rimes virtuoses, halètements splendides) et la frustration que fait naître la dispersion de toute vie, avec ses tragiques aléas et ses fantomatiques familiers. Ainsi funambule Sullivan, lucide mais stoïque, entre jouissance et désir. »
Patrick Hersant (extrait de la préface)
Poème
de l’instant
Simples merveilles
Il y a cet instant, juste avant l’heure, où
j’écris ici,
pour rien,
un petit matin.
Fraîcheur d’une plaine stoïque, le dedans d’un désir,
Là, oui, j’écris,
pour rien,
pour le moindre verbe,
comme Marcher,
Courir,
Lutter,
Pousser,
Tenir…
Qui nous garderait vivants.
Éric Sarner, Simples merveilles, Tarabuste éditions, 2020.