Mon ombre est une femme

Halina Poswiatowska

mon ombre est une femme
j’ai découvert cela sur le mur
ses lignes ondulées souriaient
et l’oiseau des hanches aux ailes repliées
chantait sur la branche du sourire
l’arbre en fleurs
paré de verts perroquets
à travers les ailes
la maturité orange dorée
le soleil sur les gouttes brille
sous la pluie
l’arbre droit et nu
mes lèvres entrouvertes mes seins
la lune ascendante des cils a clignoté
puis s’est éteinte
quand tu as soufflé la flamme de l’allumette
et posé tes mains sur mes bras
mon ombre était une femme
avant de disparaître

Mon ombre est une femme, Éditions Caractères 2004
Traduction Isabelle Macor - Filarska et Grzegorz Splawinski, introduction au recueil Isabelle Macor

Poème
de l’instant

Philip Larkin

Où vivre, sinon ?

Est-ce pour maintenant ou pour toujours
Que le monde est pendu à une tige ?
Est-ce pour un rendez-vous ou par ruse,
Ces bois trouvés pour aller faire un tour ?

Est-ce miracle ou mirage
Si vers les miennes se lèvent tes lèvres ?
Et les soleils, comme des balles de jongleurs,
Sont-ils une feinte ou un gage ?

Darde tes feux, mon ange surprenant,
Faisant front de tes seins à la peur coupe court,
Te prenant maintenant, je te prends pour toujours,
Car le toujours est toujours cet instant.

Philip Larkin, Où vivre, sinon ?, Traduit de l’anglais par Jacques Nassif, Éditions de la Différence, 1994.