tu m’avais dit de venir
tu m’avais dit de venir : il pleuvait un peu
et c’était le printemps ; une lumière maladroite
trébuchait à merveille au-dessus du square,
se tortillaient de petits têtards amoureux
battus de gouttes bégayantes,
tremblotaient les feuilles
E.E. CUMMINGS
1894 > 1962
Érotiques
Traduction Jacques Demarcq
Éditions Seghers / 2022
Poème
de l’instant
C’est comme ouvrir un menhir avec les mains
Cessez de chercher, vous êtes la porte
et les gardiens qui en interdisent l’accès.
Chaque pas vous éloigne du nombril
chimères assoiffées d’aventure.
Vous croyez que le mariage vous libère de la mort
ou que l’argent vous marque dans la hiérarchie divine.
Cessez de chercher, la conscience est le philtre magique,
L’œil capable de rejoindre les orbites vides de Dieu
traversant la mort. Personne ne se rencontre soi-même
en parcourant les mers ou en explorant les cavernes.
C’est difficile, comme ouvrir un menhir avec les mains
car notre âme est plus dure que la pierre.
dire ne suffit pas, no basta decir, Le Veilleur Éditions, 2003.